Il est deux domaines qui nous tiennent très très à cœur : le théâtre (évidemment!) et l’écologie. Il était donc inenvisageable de donner vie à notre pièce sans prendre des engagements quant aux conditions de sa création.
Voici les différentes démarches que nous avons suivies et celles que nous nous engageons à suivre à l’avenir :
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Ecoconstruction des décors. Les blocs, au lieu d’être faits en polystyrène, ont été réalisés en liège expansé.
Autour d’eux est disposée de la vermiculite choisie en sa qualité d’éco-matériau respectueux de l’environnement. De plus, nous l’avons acheté à la Réserve des arts !
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Transport partagé. Les décors ont été faits… à Strasbourg ! Pour les transporter jusqu’à Paris où devaient avoir lieu nos résidences, nous avons fait appel à Cocolis. C’est un mode de transport des objets / meubles entre particuliers. Une espèce de co-voiturage du matériel ! De la même manière, pour prendre la route du Festival d’Avignon 2022, nous avons mutualisé le transport de nos décors avec celui de plusieurs compagnies.
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Vive les costumes chinés ! Tous les costumes sont élaborés à partir de vêtements trouvés en friperie. Même chose pour les accessoires : il s’agit exclusivement de seconde main.
Une communication raisonnée :
Tous les dossiers de création/de presse/etc. du spectacle utilisent la police EcoFont. Celle-ci comprend des petits trous blancs, permettant ainsi la réduction entre 25 et 30% d’encre du toner.
NON, nous n’opterons pas pour le QR Code qui renvoie à une vidéo très lourde à télécharger.
Les affiches et flyers seront imprimés sur du papier recyclé. (Eh oui…Avignon ça reste beaucoup de papier mais on a étudié le sujet : la promo papier reste moins consommatrice en CO2 que la promo numérique… En plus de nous offrir l’occasion papoter avec vous autour d’un flyer dans les rues avignonnaises.)
Comment faire un enfant dans un monde dont on nous prédit l’effondrement ?
Tout est parti de là.
Une question simple mais fondamentale pour moi.
Une question dont découlent beaucoup d’autres :
Quel sens donner à une vie éclose dans
un tel monde ?
Comment y retrouver l’espoir, si essentiel à une vie qui commence ?
Que transmettre à cet enfant ?
Et comment assumer face à lui, la responsabilité d’appartenir à une
génération avertie des menaces pesant sur l’environnement mais qui n’a
pas réussi à les écarter ?
Tant de questions ouvertes qui ont guidé ma plume.
Mon métier de metteur en scène et de professeur d’art dramatique m’amène à lire énormément de pièces. Parmi cette multitude, il m’est rarement arrivé de lire une pièce d’anticipation. J’ai donc été particulièrement attiré par le texte de Barbara Castin : parce que -s’il représentait pour moi le texte le plus ancré dans les enjeux contemporains que j’ai eu à défendre- il s’affirmait clairement et puissamment comme une pièce d’anticipation.
Ce qui m’a encore plus intéressé, c’est que cette anticipation s’assume comme dystopique. Autant cette approche fait florès au cinéma, ou en littérature, mais elle reste peu courante au théâtre. Particulièrement à l’écoute des débats actuels autour des thèmes de « l’effondrement » ou de la « décroissance », j’étais face à un texte qui me disait : ce monde post réchauffement climatique, ce monde correspondant aux prévisions du GIEC si nous n’agissons pas, et si on le mettait sur un plateau de théâtre ? Si on essayait de montrer ce que ce monde réchauffé peut faire à un individu ? Non pas dans le prosaïsme de son quotidien mais dans ce qui le constitue au plus profond de lui : son désir de donner la vie.
Enfin, pour moi, ce texte est un texte de combat. Mais ses grandes forces, ce sont les armes qu’il choisit. Alors qu’il pourrait virer à une série d’imprécations violentes et stériles contre la bêtise humaine, il choisit au contraire deux armes : la beauté de la nature et l’homme quand il la chante. Le récit débute certes à un âge où Homme et Nature semblent avoir définitivement divorcé, se vivant comme ennemi l’un de l’autre, la pièce n’oublie pas que sans l’homme, dans ce qu’il a de sensible à la beauté, ce combat est perdu d’avance.
Dans le travail, mon objectif en tant que metteur en scène est double pour faire exister tout au long de la pièce, le récit de Meth, l’héroïne. D’une part, ce récit relie le personnage à son enfant, mais il nous fait aussi entendre et voir les beautés de la « terre d’avant ». Il s’agira donc concrètement de diriger la comédienne, avec un travail très précis sur le texte pour tenter de faire entendre et voir cette beauté, sans que ce travail sur le style de la langue nous fasse oublier sa relation concrète avec son enfant. En terme d’esthétique, et bien que nous soyons encore au tout début du processus de création, je souhaiterais orienter l’imagerie du spectacle vers le dénuement : celui du plateau, celui du personnage mais aussi celui des accessoires, notamment dans les matériaux employés. Je voudrais également opérer un travail sur la lumière, avec notamment la présence de sources de lumières portatives au plateau que la comédienne pourra manipuler dans le cadre du jeu de scène.